dimanche 17 juin 2012

Les Fables de La Fontaine
(1)  Généralités.

Ayant cité  l'une d'entre elles dans mon dernier billet,  j'en viens naturellement à évoquer un peu plus longuement les fables de Jean de La Fontaine. On les connaît en général pour les avoir apprises à l'école:
"La cigale ayant chanté tout l'été...",
"Maître corbeau, sur un arbre perché...",
"Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure...",
"Compère le renard se mit un jour en frais...",
"Le chêne un jour dit au roseau...",
"Rien ne sert de courir , il faut partir à point...",
"Un mal qui répand la terreur...",
"Le héron au long bec emmanché d'un long cou...",
"Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait..."
Le reste de la fable ne revient pas toujours en entier à la mémoire, mais l'espace d'un instant on redevient l'enfant qui la récitait.  Et du coup,  ces vers charmants et pittoresques  se chargent d'une poésie très spéciale, celle de nos souvenirs d'enfance.
Bien entendu, ce que je viens de dire ne s'applique qu'aux fables les plus connues, car probablement les plus accessibles à un jeune élève.  Peu importe, puisque les autres peuvent se lire, à l'occasion, sans déplaisir aucun.
N'oublions pas que les fables de La Fontaine font partie intégrante de la culture française. On s'y réfère souvent sans même s'en rendre compte.  On ne peut donc se permettre de les ignorer dans les programmes scolaires si l'on a vraiment l'intention d'apprendre le français aux jeunes élèves.  
Note: Deux exemples d'expressions qu'on ne peut bien comprendre sans connaître les fables de La Fontaine qui les ont introduites en français et maintenues dans l'usage jusqu'à maintenant.
- tirée de la fable 10, livre VII,  La Laitière et le Pot au lait,  l'expression "être Gros-Jean comme devant" signifie subir une désillusion ( Gros-Jean, type de l'homme du commun, rustre, niais -  devant, adverbe mis pour avant, selon un usage du vieux français).
- tirée de la fable 7, livre IV, Le Singe et le Dauphin, l'expression "prendre le Pirée pour un homme" signifie se tromper grossièrement, confondre deux choses qui sont sans rapport. Comment si on ne la connaît pas comprendre l'humour de la fameuse sortie d'Obélix "c'est qui le Pirée?" dans Astérix aux Jeux Olympiques, or là c'est bien le minimum de culture générale qu'on puisse exiger d'un écolier français.

Que dire de "la morale" qui accompagne chacune de ces fables? 
A l'origine, la fable n'était là que pour illustrer un précepte, un conseil pratique.  Chez La Fontaine, le rapport est inversé. La fable devient un véritable petit drame, et en quelque sorte, la morale est tirée parce que c'est la règle du jeu. C'est très bien ainsi, je ne crois pas, vu son caractère souvent très terre-à-terre, qu'elle mériterait de trop longs développements.
D'ailleurs, le contenu de cette morale  a  parfois provoqué des critiques. On peut les pousser à l'extrême, mais il faut vraiment être Jean-Jacques Rousseau pour vouloir prohiber les fables en prétendant qu'elles  pervertiraient l'éducation des enfants. Celle-ci, à mon avis, ne peut avoir de base plus solide que la morale chrétienne, laquelle est bien autre chose qu'une collection de préceptes; elle apporte et le salut personnel et la charité au service des autres. Néanmoins,  faire le bien suppose en pratique que l'on dispose de quelques moyens, et pour cela il n'est pas inutile d'être prévenu des ruses des flatteurs et des escrocs. 
Autrement dit, il ne faut pas délirer: l'étude de quelques fables ne peut en rien nuire à l'éducation des enfants; elle préparera même les plus innocents d'entre eux au récit ininterrompu des frasques des célébrités, des mauvais tours des financiers et autres turpitudes, auquel ils auront très vite accès par les médias d'information.

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H.A.